Synthèse des recherches menées par Monsieur Fabrice Giot pour sa thèse de doctorat, soutenue en 2012, à l’Université catholique de Louvain, cette nouvelle publication de la CRMSF apporte une meilleure connaissance d’un élément majeur et récurrent, voire omniprésent, constitutif des décors de nos intérieurs patrimoniaux belges, le stuc.
Avec cet ouvrage, la Commission royale des Monuments, Sites et Fouilles revient à nouveau sur un sujet qui la préoccupe depuis longtemps : la protection et la mise en valeur des décors intérieurs. En effet, il y a presque quinze ans, la Commission royale a publié trois volumes relatifs aux Décors intérieurs en Wallonie. Cette publication était le fruit d’un important travail de prospection mené par la Commission entre 1999 et 2002, aux fins d’identifier les décors, ensembles décoratifs ou éléments isolés, dans les monuments civils inscrits sur la liste du Patrimoine exceptionnel de Wallonie, ou reconnus ponctuellement des caractère exceptionnel. L’espoir affirmé de la Commission royale au travers de l’édition de ces volumes sur les Décors intérieurs en Wallonie était d’attirer l’attention du Gouvernement wallon et de l’Administration du Patrimoine sur une lacune de notre arsenal de protection : l’absence d’inventaire des éléments intérieurs patrimoniaux de qualité, venant ainsi compléter l’Inventaire du patrimoine monumental qui ne concerne quasi-exclusivement que les façades et toitures des biens qui y sont recensés.
En 2015, l’exposition et la brochure relatives à L’art de bâtir selon Jacques-François Blondel, que la Commission a organisée en son Centre d’Archives et de Documentation, participaient de la même idée : la protection du Patrimoine culturel immobilier ne peut en aucun cas se limiter aux éléments purement architecturaux, comme le prévoit d’ailleurs les législations qui se sont succédées en la matière. Rappelons en effet la définition légale du monument : toute réalisation architecturale ou sculpturale, y compris les installations et les éléments décoratifs faisant partie intégrante de cette réalisation.
Malheureusement, aucune initiative publique n’est depuis venue relayer cet appel de la Commission, toujours aujourd’hui en attente d’un tel inventaire des éléments intérieurs patrimoniaux de qualité, qui fait cruellement défaut.
C’est donc dans le même esprit que la Commission royale a décidé d’éditer le présent ouvrage relatif au stuc, de Monsieur Fabrice Giot, Docteur en Histoire de l’Art et Archéologie, Conservateur-Directeur de l’Hôtel de Groesbeeck-de Croix – Musée des Arts décoratifs à Namur.
Stuc, staff et carton pierre, ces matériaux spécifiques, sont bien définis et analysés par l’auteur, qui nous donne aussi les clés pour comprendre leur mise en œuvre technique et pour appréhender les professionnels (stucateurs, staffeurs, ornemanistes et autres plafonneurs) qui les ont utilisés dans nos régions pendant quatre siècles.
Depuis le troisième quart du XVIe siècle, et le grand jubé de la cathédrale de Tournai, qui semble être le premier exemple connu de l’utilisation du stuc en Belgique, jusqu’au salon de musique de l’ancien hôtel de Sauvage à Liège et son magnifique décor du 1er Empire, en passant par les superbes rocailles de la coupole de l’église Notre-Dame de Namur, du milieu du XVIIIe siècle, ce sont plusieurs centaines de décors anciens stuqués de tout le royaume qui sont décrits et illustrés dans cet ouvrage.
Ce patrimoine artistique, fragile et délicat, n’est qu’en partie protégé par des classements comme monument. Cette étude devrait ainsi permettre à la Commission royale, à la future Agence wallonne du Patrimoine et au Ministre du Patrimoine d’examiner l’opportunité de protéger les décors stuqués de qualité qui ne le sont pas encore.
Par la qualité de son étude, Monsieur Fabrice Giot apporte une meilleure appréhension tant par les professionnels que par les amateurs éclairés et le grand public, d’une technique et de styles décoratifs qui font la beauté de nos intérieurs anciens.
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