Apparu après la Seconde Guerre mondiale, en 1949, le Bulletin a connu plusieurs appellations. Dans un premier temps, il s’intitule Bulletin de la Commission royale des Monuments et des Sites - Bulletin van de Koninklijke Commissie voor Monumenten en Landschappen. Le dernier tome de cette série est le tome XVIII paru en 1969. Ensuite, le Bulletin de la Commission royale des Monuments et des Sites édité par la section autonome française est publié de 1970-1971 (tome 1) à 1987-1989 (tome 14). Lié aux évolutions de la Commission royale, son intitulé est à nouveau modifié en 1994-1995 (tome 15) : il devient le Bulletin de la Commission royale des Monuments, Sites et Fouilles. Le tome 28, millésimé 2016, vient de paraître ; il propose quatre articles :
- Jardins historiques d’abbayes cisterciennes belges du XIIe siècle au XVIIIe siècle. Les abbayes d’Orval, de Villers-en-Brabant, d’Aulne, de la Cambre et de Notre-Dame de Saint-Remy par Mathilde Macaux (titulaire d’un master en Histoire de l’Art et Archéologie de l’Université catholique de Louvain)
Cette étude retrace l’histoire, l’évolution et la symbolique des jardins cisterciens dans nos régions, ainsi que l’influence de ceux-ci sur l’art du jardin en Europe occidentale sous l’Ancien Régime. Le rôle et la place qu’occupent au sein des communautés cisterciennes jardins d’utilité (potagers, vergers, plantes médicinales), jardins d’agrément et jardins spirituels (cloîtres), mais aussi jardiniers religieux ou laïcs, sont évoqués dans le cadre général de la vie quotidienne des moines et des moniales.
- Le potager, transmetteur de savoirs et jardin à partager par Sabine Cartuyvels (historienne des jardins) et Dominique Guerrier-Dubarle (ingénieur agronome et horticole, membre de la section des Sites de la CRMSF).
Le potager, ce jardin nourricier, dont on trouve les origines dès le Néolithique, a traversé toutes les époques et est plus que jamais en ce début de XXIe siècle dans l’air du temps. Il suffit de voir les publications (articles, revues, livres, etc.) qui sortent régulièrement sur le sujet pour s’en convaincre. Reflet des arts de vivre depuis la plus haute Antiquité, le potager, outre le plaisir qu’il apporte à ceux qui le pratiquent, nous pose des questions éminemment contemporaines : comment manger sainement, équitablement, durablement ?, mais constitue aussi un bel exemple de ce que l’on appelle aujourd’hui en économie, les « circuits courts ».
- L’hôtel d’Artaize à Bouillon (XVIIIe siècle). La famille Camion, le « petit Weimar » et Georges Hobé (1881-1914). Photographies des années 30 et 40 par Raymond Balau (architecte urbaniste)
Ce vaste hôtel particulier du milieu du XVIIIe siècle, classé comme monument depuis 1977, a connu plusieurs heures de gloire où Bouillon diffusait dans toute l’Europe la philosophie des Lumières, en abritant des imprimeurs et éditeurs comme le journaliste Pierre Rousseau (1716-1785), qui y avait installé les presses de son célèbre Journal encyclopédique lorsqu’il a dû quitter Liège pour des raisons politiques. C’est dans cet immeuble que la famille d’industriels Camion recevait ses amis le peintre français Eugène Carrière (1849-1906) ou le poète gantois Charles Van Lerberghe (1861-1907). L’auteur met ici en lumière l’intervention dans ce bâtiment, en 1905, de l’architecte Georges Hobé.
- Jean et Joseph Moutschen, architectes modernistes liégeois par Coline Caprasse (titulaire d’un master en Histoire de l’Art et Archéologie de l’Université de Liège)
Cet article, issu du mémoire défendu par l’auteur sur le sujet en 2014, donne une importante contribution à la connaissance de la vie et de l’œuvre de Jean et Joseph Moutschen. Joseph Moutschen (1895-1977), après avoir collaboré avec l’architecte Arthur Snyers, a enseigné à l’Académie royale des Beaux-arts de Liège de 1917 à 1959 ; professeur dès 1922, il en devient le directeur en 1948. À côté d’une carrière politique, conseiller communal puis échevin, à Jupille sa commune natale, Joseph Moutschen déploie une grande activité d’architecte pour notamment la réalisation de complexes de logements sociaux dans les années vingt et trente. Il joue alors un rôle important au sein du mouvement coopératif socialiste pour la construction de nombreux bâtiments, dont des « maisons du peuple », salles de spectacles ou de cinéma, et travaille pour de nombreuses communes pour la conception de homes de vacances, plaines de jeux et de sports, etc. Mais sa réalisation les plus connue est sans conteste l’Institut du Génie civil de l’Université de Liège au campus du Val-Benoit (1937). Joseph Moutschen a également participé aux deux expositions internationales de Liège en 1930 et 1939. Son frère cadet Jean Moutschen (1907-1965), lui aussi architecte, intègre le fameux groupe L’Équerre dès 1929 puis devient architecte de la Ville de Liège en 1936, poste qu’il conservera jusqu’à son décès en 1965. Il devient membre de la Commission royale des Monuments et des Sites en 1949. Ses réalisations les plus connues sont le Lycée Léonie de Waha (1938), institution d’enseignement pour les jeunes filles de la Ville de Liège, boulevard d’Avroy, ensemble classé comme monument et inscrit sur la liste du Patrimoine exceptionnel de Wallonie, et le Grand Palais des Fêtes pour l’Exposition internationale de l’Eau de Liège en 1939, à Coronmeuse. Le travail des deux frères a littéralement marqué cette époque et a fait de la région liégeoise un lieu privilégié pour l’architecture moderniste en Belgique.
Ce Bulletin est disponible via notre boutique en ligne.