Le dernier tome du Bulletin compte quatre articles, qui synthétisent des recherches menées lors de mémoires de master. Les deux premières contributions sont consacrées au patrimoine de Malmédy, la troisième aborde l’activité de décorateur de Paul Jaspar et enfin, la dernière analyse la reconversion de bâtiments patrimoniaux en hôtels… la diversité des thèmes est donc au rendez-vous !
La ville de Malmedy est authentiquement wallonne depuis ses origines. Fondée vers 648 par Saint-Remacle (Malmunderio), son existence et son évolution dans le temps sont bien entendu étroitement liées à l’histoire de l’ancienne Principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy, dont l’existence en tant qu’État s’est arrêtée en 1795 par le Décret du 14 fructidor an III (1er octobre 1795). Malmedy devait changer plusieurs fois de territoire, en 1815, passant de la France à la Prusse par le Traité de Vienne, et en 1919/1925, revenant à la Belgique par le Traité de Versailles.
Deux contributions permettent donc de mieux connaître le contexte géographique, historique, urbain et industriel de Mâm’di, son appellation en wallon. Son implantation au fond d’un vallon, au confluent de deux rivières, la Warche et la Warchenne, explique à la fois son développement urbain et son déploiement économique au cours des siècles.
Noémie Lambert, architecte de l’Université de Liège, offre un article, Maintien et sauvegarde du bâti ancien au cœur historique de Malmedy, qui fait la synthèse du patrimoine bâti ancien d’une ville qui a subi deux événements catastrophiques dans son histoire : en octobre 1689, où elle a été quasi-détruite par les armées de Louis XIV, et en décembre 1944, lors du bombardement par les Américains, qui a fait des dégâts considérables et de nombreux morts dans la population.
De même, Alissa Diffels, architecte de l’Université de Liège, expose L’industrie du cuir à Malmedy et ses derniers témoins. Le cas particulier de la tannerie Kalpers. Plusieurs types d’industries se sont développées à Malmedy à partir du XVIe siècle : les fouleries, les brasseries, les papeteries et surtout, les tanneries. Ces dernières trouvaient en effet sur place et à proximité immédiate tout ce dont elles avaient besoin : les peaux de vache, les écorces de chêne, indispensables à la fabrication du tan, et une eau de qualité en abondance. La période la plus prospère pour cette industrie à Malmedy fut le Consulat et le Ier Empire, de 1800 à 1814. La réunion à la Prusse en 1815 constitua une catastrophe économique pour les tanneurs malmédiens. Les tanneries continueront leurs activités, en périclitant durant les XIXe et XXe siècles, la dernière fermant définitivement ses portes en 1998.
Le lecteur se souviendra sans aucun doute de l’exposition organisée par la Commission royale au Grand Curtius en 2009, consacrée à Paul Jaspar architecte (1859-1945). À cette occasion, un catalogue avait été édité par la Commission royale, sous la direction scientifique de Sébastien Charlier. Roxane Yans, historienne de l’art issue de l’Université de Liège, s’est penchée sur un aspect différent, mais complémentaire, des activés de l’architecte, Paul Jaspar décorateur. En effet, ayant reçu une formation chez l’architecte flamand Henri Beyaert (1823-1894), Jaspar pratique au début de sa carrière un éclectisme décoratif assez conventionnel. Mais très vite, sous l’influence de Paul Hankar (1859-1901), son beau-frère, ses conceptions esthétiques s’orientent vers l’Art Nouveau. Il conçoit alors des intérieurs sobres mais raffinés, aux lambris, plafonds, manteaux de cheminée et cages d’escalier dessinés avec une patte très personnelle, en s’associant parfois à des amis artistes, comme le peintre Auguste Donnay (1862-1921) ou les sculpteurs Oscar Berchmans (1869-1950) et Joseph Rulot (1853-1919). Jaspar crée également du mobilier original pour ses clients. Dans la dernière partie de sa carrière, il se consacre plutôt au style Beaux-arts, inspiré des styles classiques français du XVIIIe siècle.
Pour finir la présente livraison du Bulletin, c’est la question de la réaffectation des monuments qui est abordée par Fanny Bosson, ingénieur civil architecte de l’Université de Liège, dans son article Rendre le patrimoine au public. Du bâtiment d’antan à l’hôtel contemporain. L’auteure voit en effet dans la fonction hôtelière une opportunité privilégiée pour redonner vie aux monuments, la qualité et l’âme de ce patrimoine apportant au nouvel établissement un charme incomparable. Les premiers à avoir compris l’intérêt de cette formule semblent bien être les Espagnols qui ouvrent le premier Parador de Turismo dès 1928. Des exemples de ce type de réaffectation en infrastructures hôtelières en Belgique, à Liège, Loupoigne, Eupen ou Namur, viennent bien illustrer le propos. Les questions techniques liées aux contraintes spécifiques de l’activité hôtelière, comme entre autres l’isolation, les normes incendie, l’accessibilité, le chauffage et la ventilation, sont également abordées.
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